LXXVIII
1 Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
II nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;
5 Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l’Espérance, comme une chauve-souris,
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;
09 Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D’une vaste prison imite les barreaux,
Et qu’un peuple muet d’infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,
13 Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.
17 - Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l’Espoir,
Vaincu, pleure, et l’Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.
Commentaire de Spleen
Présentation
Qui parle ? Le poète. Premier temps avec pronom personnel et adjectif possessif (déterminant possessif) englobant plusieurs personnes « nous », vers
4 et « nos », vers 12. Deuxième temps, adjectif possessif « mon », v. 20.
Déictique
«
Tout
à
coup
»,
v.
13.
Beaucoup
d’adjectifs.
Dernier poème de la section Spleen et Idéal où il s’agit de confronter le
Spleen, l’accablement, à l’idéal du poète. Dernier poème donc dernière tentative d’expliquer.
Spleen : "Spleen" en anglais signifie rate. Dans l’Antiquité et la théorie des humeurs (état d’âme – sens médical) de la médecine de ce temps, la rate était l’organe responsable de la mélancolie.
À qui ? Au lecteur « Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère ! » , aux autres poètes, romantiques notamment.
De quoi ? De sa mélancolie, de son retentissement et de son apparition
Comment ? Cinq quatrains d’alexandrins. Anaphore « Quand » pour les trois premiers quatrains. Allitérations v. 1, v. 2. Personnification ou allégorie v. 6 et v.