Lyrisme
Ce sens s'applique techniquement à la poésie gréco-latine de l'Antiquité (Théocrite - Pindare - Anacréon – Virgile - Horace - Catulle...) avec des genres comme l'élégie. Ce lien avec la musique caractérisera aussi l'expression des trouvères et troubadours du Moyen Âge et de leurs successeurs qui chantent les thèmes de la reverdie et de la fine amor dans les chansons de toile, les aubes, les pastourelles, les lais, les rondeaux ou les ballades (voir Poésie médiévale française).
Au milieu du XVIe siècle Pierre de Ronsard parle en l'opposant au style haut de la tragédie de sa « petite lyrique muse » qui chante « l'amour qui (le) point »3. Le terme a dès lors son sens d'aujourd'hui lié à l'expression des sentiments et des sensations intimes. C'est la définition qu'en donne en 1755 Charles Batteux dans ses Principes de littérature : « se dit des poésies qui expriment les sentiments intimes du poète », en même temps qu'il discute de la part des sentiments réels et des sentiments « imités », simulés par le poète4. Il amorce la perception moderne du lyrisme en dépassant la condamnation des vains auteurs d'églogues ou d'élégies que vise Boileau dans son Art Poétique s'écriant « Leurs transports les plus doux ne sont que phrases vaines », même s'il admet que l'ode « entretient dans ses vers commerce avec les dieux »5. Le lyrisme sera cependant considéré pendant deux siècles (XVIIe – XVIIIe) comme une orientation mineure et dévalorisée de la poésie, à côté de la poésie épique, narrative ou dramatique, à moins que l'on ne mette en avant une expression religieuse.
Le mot « lyrique » gardera encore sa relation première avec la musique dans l'expression « œuvre lyrique » qui désigne au XVIIIe siècle