Mémoire de la traite négrière
Conséquences sur l’Afrique
La traite a eu des conséquences considérables sur le continent noir, tant en ce qui concerne sa démographie que ses structures et son développement économiques. Le présent en porte les traces. par Louise Marie Diop-Maes, novembre 2007
Au XVIe siècle, dans la plupart des régions d’Afrique subsaharienne, il existait des villes considérables pour l’époque (soixante mille à cent quarante mille habitants ou plus), de gros villages (mille à dix mille habitants), souvent dans le cadre de royaumes et d’empires remarquablement organisés, et aussi des territoires à habitat dispersé dense. C’est ce que révèlent les vestiges et les fouilles archéologiques ainsi que les sources écrites, tant externes (arabes et européennes, antérieures au milieu du XVIle siècle) qu’internes (chroniques autochtones rédigées en arabe, langue de la religion comme le latin en Europe). L’agriculture, l’élevage, la chasse, la pêche, un artisanat très diversifié (métallurgie, textile, céramique, etc.), la navigation fluviale et lacustre, le commerce proche et lointain, avec monnaies spécifiques, étaient très développés et actifs.
Le niveau intellectuel et spirituel était analogue à celui de l’Afrique du Nord à la même époque. Le grand voyageur arabe du XIVe siècle, Ibn Battuta, loue la sécurité et la justice qu’on trouve dans l’empire du Mali. Avant l’utilisation des armes à feu, la traite arabe était restée marginale par rapport à l’activité économique et au volume de la population. Léon l’Africain (début du XVIe siècle) mentionne que le roi du Bornou (région tchadienne) ne monte une expédition pour capturer des esclaves qu’une fois par an (1).
A partir du XVIe siècle, la situation s’aggrava singulièrement. Les Portugais pénètrent le Congo, au sud de l’embouchure, ils conquièrent l’Angola, attaquent les principaux ports de la côte orientale et les ruinent, pénètrent dans l’actuel Mozambique. Les Marocains attaquent l’empire songhaï, qui