M1 dramaturgie - le mensonge
Le mot latin « persona » qui a donné « personnage » signifie « le masque ». En grec ancien « acteur » se dit « ὑποϰϱιτής » (upokritês), mot qui a donné « hypocrite » dans notre langue. Littéralement, l’acteur est un hypocrite qui avance masqué, se fait passer pour un autre et prétend à une réalité qui n’est pas. A son image, il n’est pas rare de voir des personnages de théâtre être à leur tour des acteurs qui manipulent la vérité. Le mensonge et ses conséquences font partie des ressorts privilégiés de l’action théâtrale. Mais alors que l’acteur agit dans une visée épidictique, pour la beauté de la chose, le personnage agit par rapport à des enjeux individuels, qu’ils soient politiques ou d’ordre privé. Le mensonge étant central dans notre recherche, nous avons choisi ici de développer cette notion.
En quête une définition concise, nous nous sommes ainsi référé à Saint-Augustin :
Ainsi donc mentir, c'est avoir une chose dans l'esprit, et en énoncer une autre soit en paroles, soit en signes quelconques. Le péché du menteur est le désir de tromper[1].
Il faut donc, pour mentir, être capable de faire une différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Mais le mensonge n’est pas le contraire de la vérité. C’est le contraire de la sincérité ou de la franchise. Si l’on énonce une chose fausse qu’on croit vraie, ce sera seulement une erreur. Si, en revanche, on pense une chose fausse et qu’on l’énonce comme vraie, dans ce cas on ment bel et bien : dans le mensonge, c’est l’intention qui compte.
Mentir, c’est parler. Ce peut aussi être se taire (mensonge par omission). Ce peut encore agir en discordance avec sa volonté réelle et le mensonge qui est dit s’accompagne souvent d’actions mensongères ayant pour but de le crédibiliser. Nous allons essayer d’en décomposer succinctement la mécanique.
Le mensonge est tourné vers autrui
Tout le monde sait ce que c’est que mentir, même un enfant de quatre ans. Les