Macbeth acte1 scène7
| | |
|1 |Le vent riait, jouait avec les portes, les cognait de fureur. Pour conjurer ces forces obscures, je récitai trois fois la sourate de l'Unité. |
| |Tremblant de tous mes membres, j'enfouis mon visage dans un coussin. Je finis par m'endormir. |
| |Ma vie s'écoulait dans deux mondes opposés. Le jour je subissais toutes sortes de contraintes, je prenais part à des drames que je ne comprenais |
| |pas, la nuit me servait d'appât à ses monstres, me lançais dans le vide de ses abîmes, me faisait don de fruits que mes mains ne pouvaient saisir. |
|5 |Vie double, semée d'embûches, de mirages, de farces, mais à laquelle, je finis par m'habituer. Je n'agissais pas, je subissais. Chaque fragment du |
| |devenir couvait une parcelle de mystère. Les instants se succédaient avec chacun sa charge de joie, hélas! trop éphémère avec son poids de peine |
| |qui imprimait dans ma chair sa meurtrissure. Au gré de l'humeur des uns et de la fantaisie des autres, mes jours me paraissaient sombres ou |
| |radieux, mes nuits, un havre de repos, un lieu de torture, un moment de félicité, le douloureux calvaire des âmes damnées de toute éternité. |
| |Ceci me donna par la suite le goût de l'aventure, à savoir: le goût de la mort. Je mourais chaque soir pour renaître instantanément dans un |
|10 |univers sans dimensions. Je ressuscitais chaque matin pour retrouver le soleil, le chant des moineaux, le pain de blé et la fraîcheur de l'eau de |
| |source. Le pain et l'eau avaient bon goût et je me réjouissais d'être sur une terre où ils ne manquaient pas. Cependant, dans mes heures de chagrin|
| |et de solitude, ils paraissaient amers, fades, durs pour mon gosier trop étroit.