madame bovary (1857)
Origine et réception du roman
En septembre 1849, Flaubert, sur les conseils de ses amis Louis Bouilhet et Maxime Du Camp, renonce à publier La tentation de saint Antoine et décide de tourner le dos au lyrisme foisonnant qui a été jusque-là, précisément, sa « tentation » d'écrivain. Il admet qu'une cure de « désinflation » sentimentale et verbale s'impose.
Reste à trouver un sujet. Louis Bouilhet propose alors à son ami de s'inspirer d'un fait divers de l'époque : Delphine Delamare, épouse d'un officier de santé de Ry, en Normandie, s'était peu auparavant suicidée après avoir perdu ses illusions romanesques et la fortune de son ménage dans des liaisons exaltées avec un châtelain, puis un clerc de notaire. Au retour de son voyage d'Orient, Flaubert se mit à la tâche : « la Bovary» (comme il disait) allait l'occuper cinq ans, faisant alterner en lui les crises de découragement avec les moments d'enthousiasme (lettre à Louise Collet). En janvier 1857, le roman, paru en revue, vaut à son auteur un procès pour atteinte à la morale et à la religion : Flaubert, grâce à la remarquable plaidoirie de son avocat, est acquitté et l'ouvrage connaît un succès immédiat. Succès de scandale, qui déplaît à Flaubert ; mais admiration des plus lucides (Sainte-Beuve, Baudelaire). L'école naturaliste va reconnaître sa dette envers cette oeuvre fondatrice
« Quand Madame Bovary parut, il y eut toute une révolution littéraire », écrira Zola (Lés romanciers réalistes, 1881). Flaubert toutefois ne cessera de déplorer cette annexion de son oeuvre à la seule idéologie « réaliste ».
Étude de moeurs et étude de femme
Comme l'indique son sous-titre, Moeurs de province, le roman s'inscrit dans la tradition balzacienne de l'étude sociale : le gros bon sens et l'âpreté du paysan riche (le père Rouault), la vanité désoeuvrée de l'aristocratie terrienne (Rodolphe) et surtout la mesquinerie et la bêtise de la toute petite bourgeoisie (M. Homais) sont observés et