Madame bovary
Bien que le titre du roman de Flaubert nous indique à l’évidence que le personnage principal est Emma Bovary, le sous-titre "Mœurs de province" nous apprend que l’auteur voulait brosser le portrait de la France provinciale du milieu du XIXe siècle. Aussi n’est-il pas étonnant qu’il nous dépeigne les différentes classes sociales et au premier chef la petite bourgeoisie, au travers d’une galerie de personnages où se détache la figure du pharmacien Homais.
Ce personnage qui prendra ultérieurement de plus en plus d’importance dans le roman n’apparaît que dans la 2e partie. Flaubert pique notre curiosité en nous décrivant l’orgueil foncier de l’apothicaire qui a fait peindre partout son nom en lettres d’or, son goût du commerce plus que de la santé d’autrui.
Au-delà du personnage un peu grotesque et contradictoire, s’élabore petit à petit une autre personnalité beaucoup plus inquiétante. En revanche, en présence des intéressés, il se montre plutôt cauteleux, au pire un peu piquant. Face aux Bovary qui viennent d’arriver, il offre ses services pour mieux lier ses futurs débiteurs, d’autant plus qu’exerçant illégalement la médecine, il a besoin de se concilier l’officier de santé. Obséquieux devant plus fort que lui, il n’hésite pas en revanche à écraser les faibles. Cette volonté de puissance apparaît constamment. La médecine est d’abord pour Homais un excellent commerce. Son appétit de possession n’a pas de limite. Madame Bovary nous raconte la lente mais sûre ascension d’un être mesquin et méchant que le succès enhardit.
Quand Emma s’empoisonne avec l’arsenic qu’elle a dérobé chez le pharmacien, Homais est appelé au secours, au lieu d’administrer un vomitif, il conseille d’effectuer une analyse, "car il savait qu’il faut dans tous les empoisonnements faire une analyse". Cette fausse rigueur scientifique fera perdre de précieux instants et coûtera la vie à Emma.
Mais c’est à la fin du roman que se révélera la vraie nature