Le terme mafia a diverses étymologies possibles plus ou moins vérifiables et crédibles. Dans les années 1860, le terme apparaîtra dans les documents officiels et les communications des fonctionnaires de l'époque et désignera, tout à la fois, une association de malfaiteurs et un comportement de la société sicilienne couramment admis et convenu à l'époque1. Selon le compte-rendu historique de Giuseppe Pitré sur les traditions populaires de cette époque (1841-1916) et dont les travaux furent fortement remis en question par certains historiens de la mafia même (John Dickie soulignera que Pitré était alors un proche collaborateur du député et mafieux notoire, Raffaele Palizzolo2) le terme était également employé en tant que synonyme de beauté, bravache et audace dans la langue populaire d’un quartier de Palerme. Ce même sens étymologique sera repris par Diego Gambetta, en 1993, dans son ouvrage The Sicilian Mafia : the Business of Private Protection3, tandis que John Dickie insistera alors sur l'ambivalence du terme, désignant, à la fois et tour à tour, un comportement machiste dit « d'honneur » et une association criminelle proprement dite… Toujours selon Dickie, certains auteurs d'alors auront ouvertement insisté sur le premier sens afin de faire croire à la population de l'époque, l'absence de toute forme d'association criminelle. L’expression prise dans son sens criminel proprement dit serait apparue 1 à partir de 1863, avec la pièce I mafiusi di la Vicaria de Giuseppe Rizzotto et Gaetano Mosc, laquelle connut un grand succès et fut traduite en italien, napolitain et meneghino, diffusant alors le sens véritable de ce terme sur tout le territoire national de l'Italie 1. Dans cette pièce, le personnage du mafioso est le « camorista » ou l’homme d’honneur, c’est-à-dire celui qui adhère à une société s’opposant ouvertement aux institutions gouvernementales et exhibant, ainsi, courage et supériorité. Selon J. Dickie, l'abondante diffusion de cette pièce de