Main invisible
Des actions guidées par notre seul intérêt peuvent dans certains cas1 davantage contribuer à la richesse et au bien-être commun que des actions jugées plus altruistes ou vertueuses. Il convient de rappeler que dans la Théorie des sentiments moraux, Smith 2 se méfie des excès de vertu. Par ailleurs, il déplore que l'estime de soi ne soit pas plus valorisée et soit trop souvent considérée comme de la vanité 3.
La « main invisible » est la figure de la « transcendance à partir de l’immanence» 4. C’est-à-dire que les êtres humains ne sont pas toujours maîtres de toutes les conséquences de leurs actes. Ici deux options sont possibles. Soit la « main invisible » à travers les conséquences inattendues des actions humaines conduit vers le meilleur des ordres spontanés possibles ou si l'on s'en tient au domaine économique seul, au meilleur état des marchés possible. Soit, c'est la thèse non leibnizienne, la « main invisible» éclaire notre faculté de juger en donnant à certaines de nos actions un surplus de bienveillance de manière à nous aider à progresser.
Les diverses interprétations, au moins quatorze, seront examinées plus loin. Comme nous l'avons vu une des causes du foisonnement des interprétations ne tient au fait que Smith écrit au moment où la controverse autour du système de l’optimisme de Leibniz est très vive. Dès lors se pose la question de savoir si la « main invisible » est ou non la métaphore de quelque chose de proche de ce système. L’autre raison à la multiplicité des interprétations tient à leurs conséquences pratiques tant au niveau économique que politique, c’est ce que nous appellerons par la suite, les enjeux.
Adam Smith
=Sommaire [masquer]
1 Enjeux économiques et politiques
1.1 La « main