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René et le mal du siècle
Lorsque Chateaubriand ébauche René dans le parc de Kensington de l'exil londonien, il ne soupçonne pas l'influence qu'il exercera sur la première génération romantique. René n'est alors destiné qu'à illustrer un chapitre du Génie du Christianisme, chapitre intitulé " le vague des passions ", passions que l'auteur condamne même s'il les peint si brillamment. Avec le père Souël, Chateaubriand voulait condamner ces « inutiles rêveries »1 en leur opposant la vie chrétienne et la pratique des vertus sociales. Cependant le public ne retiendra pas la condamnation mais uniquement les passions elles-mêmes, leur charme poétique et les élans lyriques de cette âme sensible. La génération de 1815 se retrouvera dans René, dans son oisiveté et sa douleur, dans sa révolte et sa désillusion. Le mal de René deviendra le " Mal du Siècle ".
Mais comment ce phénomène a-t-il pu se produire? Quels éléments de René ont pu permettre cette identification? Comment le mal de René est-il devenu le mal du siècle? Pour répondre à ces questions, il faut d'abord examiner les traits de caractères que l'auteur prête à son héros et dégager les principales manifestations de son mal. Puis, on envisagera le voyage comme palliatif au mal. Enfin, on posera la question de la mort comme solution ultime2.
RENE ET SON MAL
1) Le caractère de René
René est avant tout un héros moderne, d’un style nouveau qui permettra à la génération de 1815 de se reconnaître en lui. Si Chateaubriand l’avait peint selon une méthode classique et avec un caractère romanesque classique, il n’aurait certainement pas eu cet impact. René est décrit comme un jeune homme sensible, amoureux de la nature. Il est au centre de l’œuvre ; il remet en cause les valeurs et les idées reçues et critique la vie sociale. Chateaubriand développe ainsi le romantisme de l’individu avec un caractère propre. Il est difficile de dire si c’est le caractère de René qui