Malaise dans la civilisation
Voilà le nouvel argument auquel Freud décide de s’affronter. L’idée d’une harmonie pré-établie entre l’homme et la nature lui apparaît aberrante, totalement déconnectée de ce que l’expérience analytique lui apprend quotidiennement. Il propose donc d’en procéder à l’analyse : d’où vient-il ? D’où peut bien venir ce fameux sentiment océanique ? Freud, devant l’étrangeté de ce sentiment, en propose donc une « déduction psychanalytique », page 46.
Pour ce faire, il sollicite directement sa seconde topique – quoi de plus assuré que le sentiment du moi ? C’est logique, attendu que la différenciation du moi et du ça se fait au contact de l’extériorité. Rien ne devrait donc être aussi précis que le Moi. Sauf que certaines situations en attestent, les frontières du moi varient parfois. C’est le cas dans le cadre d’une relation amoureuse, le moi et le toi deviennent plus floues. L’examen plus approfondi de notre conscience conduit même à fortement relativiser cette première analyse : le moi se trompe souvent – combien d’idées prêtées à autrui qui partent de soi ? Le moi, finalement, n’a rien de très clair. Il nous apparaît limpide, il l’est nettement moins dès que la réflexion s’en empare et l’étudie dans le détail.