Malpsycho
La santé est un état statistiquement rare mais pas anormal du tout pour autant.
J. de Ajuriaguerra
"Théoriquement toute maladie est psychosomatique" prétendait Alexander. Encore faudrait-il s'entendre sur le sens à donner à ce mot, et pour sortir de la confusion dans laquelle les théories psychosomatiques s'enlisent il faut revenir d'abord à Pasteur qui avait déjà compris que "le microbe n'est rien, le terrain est tout". En effet le même bacille du charbon qui a pu foudroyer une poule exposée au froid extérieur, s'est révélé inoffensif lorsqu'il a été inoculé à une poule maintenue bien au chaud. Pas de psychologie apparemment à ce niveau mais seulement la faiblesse de l'organisme. Toute maladie s'introduit dans les blessures du corps, corps fatigué, usé, vieilli, brisé.
La cause des maladies est d'abord matérielle, environnementale. Une maladie indique un déséquilibre, une limite de résistance du corps. Elle a donc valeur de signe en même temps que de menace. C'est par sa valeur de signe qu'on a voulu faire de la maladie une création de l'esprit ce qui est une confusion de différents niveaux (signe biologique, signe hystérique, signe médical). Il faut maintenir que les maladies résultent d'un dysfonctionnement corporel, cependant même à ce niveau, on ne peut ignorer la dimension dépressive qui accompagne les infections ou l'épuisement du corps. On doit considérer ainsi l'humeur comme corporelle (ce que Kojève appelle le tonus) alors qu'on sait bien que l'humeur est par définition psychique, c'est l'âme même où se mêlent représentation de l'extérieur et intériorité du corps dans l'affect, notre disposition, notre attitude (stimmung), notre "puissance d'agir" (Spinoza). Impossible ici de distinguer psyché et soma.
L'humeur, on le sait, fait partie intégrante du système immunologique. Le cerveau est une extension de la peau et les molécules chimiques en jeu dans l'humeur et l'irritation du système immunitaire sont