« Debout ! » Gueulât-il à la fillette.
Mon regard se posa instinctivement sur la masse recroquevillée au sol.
« … Debout ! » Renchérit son collègue.
Je ne m’y attardais plus d’une minute, contrairement à la foule qui venait de troquer ses murmures de pitié et d’approbation contre quelques remarques qui la reflétait bien.
« Regarde ! … La pauvre … » chuchota un enfant à peine plus âgé que celle qui venait de s’écrouler.
« Ne prend pas pitié pour eux, ils n’en ont pas besoin, ils n’en ont plus besoin… » Lui glissa sa mère au creux de l’oreille.
« Allez-vous vous taire ?! » trancha un villageois.
« S’ils ne sont pas utiles à la survie de notre espèce, je ne vois pas pourquoi nous devrions les laisser vivre… » Finit par murmurer son compère, un sourire au coin des lèvres.
La foule frémissait tandis que des larmes coulaient silencieusement sur les joues de la petite. Les poings serrés elle se releva péniblement sous la pression incessante de ses interlocuteurs. Les jambes flageolantes, les yeux rougis, elle finit par leur faire face. Les réflexions disgracieuses s’atténuèrent peu à peu, laissant place au silence. A ce moment-là, le seul son perceptible était celui des matraques des gardiens heurtant leurs paumes. Réguliers. Angoissants. Menaçants. Dangereux. Tel des battements de cœur ; puis, peu à peu, le brouhaha repris alors que les condamnés retenaient leur souffle comme si la vie de cette gamine en dépendait. L’homme qui, il y a quelques minutes, ne laissait paraître qu’une ébauche de sourire ne tarda pas à beugler : « A bat la parasite ! ». Les hommes ne s’éternisèrent guère à suivre l’émeutier et au bout de quelques instants, ce fut toute une foule qui scandait la mort de la fillette ; les deux gardiens qui n’attendaient que ça, se retournèrent vers nous, un sourire carnassier sur leurs lèvres. L’un s’avança, leva brusquement sa matraque vers le ciel et brailla à notre attention:
« Voilà ce qui vous attend ! Le premier qui ralentira le groupe subira