Manipulation des images
Plus qu'une révolution technologique, l'apparition du numérique a engendré une véritable transformation de notre rapport au monde et à celui de l'art.
Une propagation fulgurante Dans le domaine de la photographie, il a produit un bouleversement sans précédent et supplante largement, en termes de fréquence d'utilisation, l'appareil argentique. Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher sur les chiffres : selon une étude récente le nombre de photographies numériques augmente de 18% par mois a l'échelle planétaire et dans ce même lapse de temps, chaque utilisateur prend en moyenne 75 clichés. En 2005, 4 350 appareils reflex argentiques ont été vendus en France, contre plus de 4 millions à technologie numérique. Cette frénésie témoigne du premier fossé qui sépare l'argentique du numérique : celui du prix. Le coût réduit de l'appareil mais aussi celui des images obtenues qui ne nécessitent plus obligatoirement de tirages a généralisé et popularisé de manière spectaculaire son usage. De ce fait, le profil de l'utilisateur et le contexte des prises de vue ont changé: il concerne tous les âges, toutes les catégories sociales et n'est plus réservé à des évènements particuliers. La photo se prend partout et par tous. Quelles que soient les circonstances, on dégaine son portable ou son appareil numérique. Le résultat est instantané. Les notions de latence, de surprise, ou encore de risque de photo ratée, sont balayées par l'immédiateté et la fabuleuse capacité de stockage des outils numériques. Que risque-t-on à mitrailler ? L'insatisfaction se gère par une poubelle sans fond. L'appareil perd de sa préciosité et l'image n'a plus de valeur matérielle. Au-delà de cet aspect économique, le numérique entraîne des changements plus profonds et engage une redéfinition des modes de production, de diffusion et de conservation de la photo. Il modifie notre posture, notre regard, et