Ecriture d’invention, sujet 3. Manon Lescaut de l’Abbé Prevost. Assise dans le coche, je pense à l’avenir qui m’attend au couvent. Je ne peux alors en imaginer aucun autre, j’y suis comme prédestinée. Le crissement du gravier et les à-coups dus à l’arrêt des chevaux indiquent à toutes la fin de cet hélas ! trop long voyage. Soulagées, les femmes descendent, moi, je les suis, heureuse de quitter cet exiguë compartiment. Pendant que l’on extrait mes bagages, je prends le temps d’observer les alentours. La cour est agitée des mouvements de mes compagnes, qui semblent pressées de rejoindre leurs quartiers. Au loin, j’aperçois deux élégants jeunes hommes qui semblent plus âgés que moi. Leur costume leur donne fière allure, ils sont raffinés et propres. Peut-être sont ils frères ? et dans ce cas, que leur famille doit être aisée ! Happée par la curiosité qui m‘entraine vers ces divagations je ne me rends pas compte que quelques minutes sont passées. C’est alors que s’approche l’un d’eux. Que me veut-il ? Moi qui ne suis pas comme lui, veut-il me demander d’être sa servante ? Cela serait toujours mieux que le couvent, et puis il me parait plutôt bel homme. Il m’aborde d’une façon maladroite mais il a l’air sur de lui; je reçois ses hommages sans crainte. Il m’apparait un jeune homme timide. Lorsque j’annonce que ma présence à Amiens n’a d’autre objet que l’intégration forcée du convent, je sens en lui une profonde déception. C’est alors presque malgré lui que son teint et son ton s’enflamment: il m’aime, son désir est soudain mais sincère et entier. Il s’adresse à moi en termes implicites, je lis entre les mots. J’ai appris cela lors de discutions avec les hommes que les réunions mondaines m’ont amenées à côtoyer. Malgré son envie de me faire échapper du couvent, je lui explique avec tristesse que je suis soumise au choix de mes parents. Ce jeune homme me comble de paroles amoureuses, réconfortantes et remplies de promesses. Jamais je n’avais vu un garçon si