Exemple de commentaire composé sur un passage de Manon Lescaut [Introduction] [Présentation] L’Histoire du Chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut de l’abbé Prévost est sorti en 1731. C'est le septième et dernier volume des Mémoires d’un homme de qualité, bien que le marquis de Renoncour y joue un rôle presque inexistant: en effet le chevalier Des Grieux y raconte sa propre histoire, celle de sa relation passionnée et tumultueuse avec la belle Manon. [Situation] Dans le passage dont nous allons parler (« Je m’assis, en rêvant… » à « C’est une chose finie, n’est-ce pas? », pp. 102-103) Des Grieux vient d’apprendre que Manon l’a quitté une deuxième fois, cette fois-ci pour le riche M. de G… M…. Lescaut, le frère de Manon, propose à Des Grieux de profiter de la crédulité et de la largesse de M. de G… M… en jouant le rôle du frère cadet de Manon. [Projet de lecture : Quoi ?] Des Grieux se livre ici à une réflexion douloureuse, interrompant son récit de l’action, comme il le fait souvent, pour examiner sa situation et tenter de résoudre son dilemme: s’il accepte la proposition de Lescaut il se rendra complice de la supercherie; s'il refuse, il perdra Manon. [Comment ?] Cette rêverie est faite d’un jeu de perspectives contradictoires qui soulignent à la fois son âme partagée, l’énorme distance qui le sépare de son innocence perdue, et l’écart entre une vision idyllique de l’existence qu’il aurait pu partager avec Manon et la réalité à laquelle il est confronté. [Pourquoi ?] Ce moment de réflexion renforce le sentiment, présent dans tout le roman, d’une passion inexorable qui enlève à Des Grieux toute volonté autonome malgré le combat qu'amour et vertu se livrent constamment en lui. [Annonce du plan] Nous montrerons la façon dont ce passage met de nouveau en relief à la fois la lucidité et la naïveté de Des Grieux, le combat entre ses deux natures — l’homme raisonnable et l’homme passionné — et enfin l’ascendant qu’a sur lui son amour pour Manon et les conséquences qui