manuel de literrature
Manuel de
littérature française Marianne Jaeglé et Danièle Marin
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Réponses aux « … à vous… »
Lectures analytiques
Séquences
Bréal | GallimardÉducation
Réponses aux «... à vous... »
Moyen Âge
... à vous de réfléchir sur la langue et les signes... (p. 23)
1. Les Serments de Strasbourg
Pour ce texte juridique, témoignant officiellement d’une alliance politique, le choix de la langue
« vulgaire » répondait à une nécessité d’ordre communicationnel. Destinés à être prononcés devant les armées respectives de Louis le Germanique et de Charles le Chauve, les Serments de
Strasbourg devaient pouvoir être compris par l’ensemble des guerriers. Or, en cette période du haut Moyen Âge, le latin, maîtrisé par la seule élite lettrée des clercs, était pour eux lettre morte.
Les deux populations ne parlant pas la même langue, le texte donna d’ailleurs lieu à deux versions linguistiques, une en roman (ancien français) et une en tudesque (ancêtre de l’allemand). Mais il y a plus : il semble que, créateurs d’une nouvelle identité politique sinon à proprement parler territoriale, le pacte d’alliance et son officialisation par un discours public aient exigé le recours à une langue elle-même identitaire et donc distincte du latin officiel.
On notera que l’oral faisait foi dans les cérémonies publiques et que, dans la mesure où elle était proférée devant témoins, la parole constituait un engagement sans nécessité de recourir à des actes écrits portant signatures. Le clerc qui a consigné les Serments de Strasbourg par écrit a tenu à le faire en français afin de respecter à la lettre les paroles prononcées.
Traduction du texte roman
« Pour l’amour de Dieu et pour le salut commun du peuple chrétien et le nôtre, dorénavant (de ce jour en avant), autant que Dieu m’en donne savoir et pouvoir, je défendrai mon frère Charles, ici présent, et par aide et en chaque chose, comme on doit, par droit, défendre son frère ; à