Marché et ethique sont ils compatibles ?
Le marché est un lieu de rencontre, réel ou fictif, entre des offreurs et des demandeurs, qui visent la maximisation, respectivement, de leurs profits et de la satisfaction que leur procure la consommation. L’éthique, qui provient du grec ethikos (morale), est une discipline pratique qui se donne pour but de dire comment les êtres doivent se comporter. Par extension, on qualifie "d’éthique" une conduite conforme à des principes moraux, qui n’est donc pas motivée par des calculs intéressés. On voit donc bien le hiatus possible entre marché et éthique.
Éthique et marché sont-ils bien compatibles ? Autrement dit, l’éthique, qui n’a pas pour visée l’efficacité économique immédiate peut-elle elle être économiquement efficace ? Ou encore : ce qui ne vise pas l’utile peut-il être utile ?
Dans un premier lieu, nous allons démontrer qu’il peut y avoir conflit entre les objectifs économiques et les valeurs morales, puis nous allons démontrer dans un second lieu que l’éthique peut aller dans le sens du marché permettant à celui-ci d’en tirer profit.
En premier lieu, marché et éthique sont incompatibles en théorie et en pratique, le court terme en économie devenant l’horizon de référence.
D’abord, marché et éthique sont théoriquement incompatibles.
Les sciences économiques ont longtemps donné une vision neutre de toute considération morale ou éthique de la concurrence, en général, et des agents du marché. L’individu est censé ne poursuivre que ses propres intérêts et rester indifférent aux peines et aux satisfactions des autres (on parle d’homo oeconomicus) : c’est le modèle de concurrence