Marie Josephte Corriveau et Marie Jos phe Ang lique
Un peu moins de trente ans séparent les procès de deux Canadiennes condamnées à mort au 18e siècle. D’abord en 1734, une esclave noire nommée Marie-Josèphe-Angélique est jugée puis condamnée selon les lois criminelles françaises. Ces lois sont en vigueur dans les colonies de la Nouvelle-France depuis l’ordonnance criminelle de 16701.
Le second cas se déroule dans des circonstances différentes. Les procès de Marie-Josephte Corriveau débutent quelques mois avant la Proclamation royale de 17632. C’est donc dans un contexte d’occupation militaire anglaise3 que la Corriveau subit ses deux procès. Suite à une décision du Gouverneur Murray4, elle sera jugée puis condamnée par une cour martiale s’inspirant des lois criminelles anglaises5.
Après une brève mise en contexte, c’est en analysant divers éléments des procès des deux Marie Joseph que seront comparés les systèmes judiciaires français et anglais. Cet examen permettra de vérifier quel système était le plus clément, mais aussi lequel respectait le mieux les droits et la présomption d’innocence des accusés.
L’affaire Marie-Josèphe-Angélique
L’affaire Marie-Josèphe-Angélique débute le 10 avril 1734 lorsque la ville de Montréal est la proie des flammes6. Des centaines de personnes se retrouvent à la rue7, la population traumatisée recherche un coupable. Des rumeurs se répandent rapidement. Elles visent principalement Marie-Josèphe-Angélique, l’esclave noire de la veuve de Francheville8.
Il faut préciser que six semaines avant l’évènement, craignant d’être vendue9, Angélique a tenté de fuir avec son amant blanc un dénommé Claude Thibault10. Ils sont suspectés d’avoir mis le feu pour couvrir une nouvelle tentative d’évasion11. Pourtant, si son soupirant et présumé complice ne fût jamais retrouvé, l’esclave ne tenta pas de s’éclipser. Au contraire, pendant l’incendie elle aide à mettre à l’abri du feu les biens de sa maîtresse12. C’est sur la base de rumeurs que le lendemain de la