Marivaux acte 2 scene 9
Silvia et Dorante ne se sont pas vus depuis la scène 7 de l'acte I ; pourtant leur relation a considérablement évolué. Le discours galant de Dorante-Bourguignon est devenu pleinement sincère. Lecture théâtralisée de l'extrait. Le déploiement du sentiment amoureux est, dans cette scène, observé par les personnages eux-mêmes comme une expérience scientifique. Mais parviendront-ils à conserver ce regard froid et distancié? Cette expérience scientifique consiste en une scène de confrontation entre Silvia et Dorante : même si la tentation de cesser le jeu est manifeste, les personnages semblent pris au piège de leurs sentiments et perdent finalement le contrôle. Dans un deuxième temps, il apparaît que cette scène est un discours sur le théâtre lui-même, où la vérité des sentiments est mise en évidence par un jeu d'illusions.
I – La confrontation observée comme une expérience sur l'amour
1) La tentation de cesser le jeu :
Au cours de son monologue (scène 8) Silvia a pris une décision : écarter Bourguignon de ses préoccupations (« Il s'agit d'un valet »). On peut douter de sa sincérité, bien sûr, mais elle entame la rencontre avec Bourguignon sur le ton de la maîtresse, pas de la soubrette. Le vouvoiement paraît incongru en même temps qu'elle le demande : elle souhaite que, par ce procédé, aucune familiarité avec ce domestique ne subsiste. Comme elle est elle-même incapable de le tenir, il suffit que Bourguignon écarte le vouvoiement pour que tous deux l'oublient. Cette scène est le deuxième tête-à-tête de Dorante et de Silvia. Chaque protagoniste a un dessein : faire durer le plaisir de l'entretien pour lui, tenter d'y mettre fin pour elle ; mais ces desseins sont contrecarrés par leurs sentiments. Autant leur première rencontre peut paraître figée, entre des personnages déroutés par l'autre, autant ce deuxième entretien est haché, par instants rapide, par instants très lent, avec des personnages qui