Synthèse : Marivaux, L'Ile des Esclaves, scène 10
Introduction :

Cette scène constitue un véritable dénouement de la pièce. Elle fait participer tous les personnages sauf Trivelin. Ici, chacun reprend son rôle et son habit.

1. Valeur de la saturnale
Les saturnales sont une tradition romaine au cours de laquelle les esclaves tenaient le rôle des maîtres. C'est un moment de défoulement pour eux.

1.1. L'intérêt dramatique
On parle ici de saturnale à cause de l'inversion des rôles. Arlequin est ici le meneur de jeu : engageant Cléanthis à pardonner sans rancoeur, il dégage la leçon morale : "quand on se repent, on est bon ; et quand on est bon, on est aussi avancé que nous." Inversée par l'épreuve, l'inégalité sociale ne se rétablit pas vraiment. La phrase d'Arlequin considère la seule dignité qui vaille, celle du coeur.

1.2. La situation finale
Le réquisitoire de Cléanthis oppose les conditions du maître et du valet de manière rigoureuse et paradoxale.
Ainsi, dans la phrase :"de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés, tout riches que vous êtes, et qui ont aujourd'hui pitié de vous, tout pauvres qu'ils sont", les valeurs se trouvent inversées au profit de la richesse morale.
La surprise de Cléanthis au début de la scène et le réquisitoire qu'elle adresse aux maîtres laissent le spectateur en suspens, lui faisant douter jusqu'au bout de sa capacité à pardonner.
La contrition d'Euphrosine abolit sa qualité de maîtresse.
Sa réplique finale promet à Cléanthis une condition fraternelle.

1.3. La réthorique de Cléantis
La tirade de Cléanthis marque la supériorité du valet dans la maîtrise du langage. Adressé à des maîtres silencieux, son discours est marqué par une fonction impressive lourde de reproches : questions rhétoriques, effets dilatoires, formes sentencieuses.
Le théâtre est ici le lieu d'une utopie sentimentale, dont Marivaux nous dit le prix : le sacrifice sublime que les valets vont faire de leur pouvoir est