Marivaux, la colonie, scène 13
Les arguments des hommes sont pauvres, peut-être parce qu’ils ont l’habitude d’être les plus forts, Hermocrate donne une raison vestimentaire qui est de l’ordre de l’apparence et du paraître lignes 32 et suivantes et sa première réplique est cinglante et sonne comme une vérité générale absolue. L’immobilisme les caractérise dans cette société figée. Les femmes, elles, ont dans leurs bouches des verbes de volonté et des injonctions mais l’argumentation de leur côté est pauvre aussi : hormis le « don » de la parole, elles énoncent aucune preuve logique. Timagène, face à tant d’ordres est poli et mesuré, c’est lui qui s’informe et il le fait avec respect. Ce déséquilibre est teinté d’humour aussi par la mise côte-à-côte du « pistolet » et de « l’éventail » et la référence au perroquet oiseau exotique à l’époque et fort peu courant prête elle aussi à sourire. Le …afficher plus de contenu…
A la fin de la pièce, tout redevient comme avant et quand les femmes refusent de se parer, refusent de se marier, refusent la nature, on voit bien que le dramaturge les critique, elles sont outrées, usent trop des hyperboles et des injonctions. L’utopie aussi est placée par le ton péremptoire adopté, ton autoritaire et donc masculin, très éloigné de la douceur d’une femme et cela prête ici à rire. Les hommes eux sont poils et civils, leur délicatesse prête à sourire, les rôles sont inversés, les femmes rudes et tyranniques, les hommes doux et attentifs. De plus, les prénoms des personnages mêlant prénoms grecs « Timagène » «Arthénice » et prénoms de comédie pure « Persinet » « Lina » font aussi référence à une utopie. C’est donc à une époque indéterminée que la scène prend place et le spectateur n’est pas inquiet. Marivaux ne