Maroc
Mouna M'Hammedi
Lyautey, disait souvent, lorsqu’on lui parlait de ses grands projets de villes au Maroc: « Un chantier m’évite un bataillon. »
Les villes marocaines telles qu’on les connaît actuellement, hormis les médinas, sont apparues par fait de prince, en l’occurrence ici l’Etat colonial incarné dans la personne du maréchal Lyautey. Elles ont été pensées pour accueillir les nouveaux colons espérés, alors, en grands nombre par la France. Elles ont pris forme sur des terrains vierges ou presque. Un rapide aperçu sur les événements précédant la colonisation nous explique comment cette pénétration a été précipitée. En 1912, le Maroc a signé le traité du protectorat et est passé sous administration française. Un demi-siècle plutôt, le Maroc commençait déjà à être la proie d’aventuriers, de grands spéculateurs terriens et d’hommes d’affaires, ainsi que, comme le relève Daniel Rivet :
« La grande bourgeoisie industrielle et financière associée dès l’origine à la "pénétration pacifique" comme l’atteste l’histoire des emprunts contractés en 1904, puis en 1910 par le makhzen et comme l’illustre la création de l’Union des mines en 1907 et de la Société Marocaine des Travaux Publics en 1909, s’intéressa massivement au Maroc. Un fait social émerge fortement à cette époque. Cette grande bourgeoisie se compénétre étroitement avec l’aristocratie et le monde des diplomates. »[1]
L’Espagne envahit le Nord du Maroc en 1860, puis se retire après une négociation financière. En 1905, Guillaume II débarque à Tanger. La conférence d'Algésiras de 1906, va donner une dimension internationale à l’affaire marocaine et va mettre en avant la France comme