matérialité et matérialisation
Habermas est le premier à introduire la notion d'espace public, de publicité de l'individu privé. L'espace public est alors un espace de circulation, tant des personnes que des idées. En ce sens, un smartphone, entendu comme un téléphone capable de naviguer sur internet et d'avoir alors accès aux réseaux sociaux, peut être envisagé comme un espace public, en tant qu'il est possible d'y échanger des idées librement (via Facebook ou autres), et de s'y déplacer virtuellement (via Google Earth). Mais est-il possible de recréer la matérialité des lieux à travers leur matérialisation? La matérialisation correspond-elle à une matérialité 2.0 ?
La matérialité apparaît comme étant une expérience corporelle, multisensorielle de la matière, vécue sur le moment, au rythme de la promenade : la vue, décryptant son aspect, sa couleur, sa forme, l'odorat, le toucher, entre lisse et granuleux, l'ouïe calculant absorptions et résonances : tous les sens sont ainsi mis à l'épreuve pour expertiser le genius loci.
Le cas de la matérialisation est cependant différent : en effet, si la modélisation permet une retranscription, une projection visuelle et virtuelle d'un objet, d'un bâtiment, d'une place, d'une ville ou d'une planète, l'expérience des autres sens (odorat, toucher, ouïe) n'est restituée que par une compensation de l'imaginaire face au manque d'information. On est donc en mesure de se demander qui, de l'internaute ou du promeneur, tire l'expérience de l'espace la plus riche : la différence semble résider dans l'appréhension d'échelles différentes. En effet, l'expérience d'un objet, d'une pièce, d'un bâtiment, d'une place ou d'une rue, apparaît comme plus complète en les touchant, les sentant, les parcourant, et donc en en faisant l'expérience réelle, instantanée, l'expérience matérielle. En revanche, en considérant une échelle plus grande, celle de la ville, de la région, du pays ou de la planète, l'expérience matérialisée offrira des