Mauriac
Mais, de même que cet avare et ce calculateur parvient à se détacher des biens matériels, de même le brillant tribun échappe aux envolées oratoires pour atteindre à un lyrisme poétique et mélodique : «Je descendis vers la terrasse. De grêles arbres à fruits se dessinaient vaguement au-dessus des vignes. L'épaule des collines soulevait la brume, la déchirait... » (page 68, ou encore pages 45-46, 119, etc.).
Le plus souvent, cependant, par souci d'efficacité, de brutalité aussi, le style se fait sec, dur, concentré. Ainsi les petites phrases parataxiques du début (pages 12, 13) ; ainsi ces maximes cinglantes lancées à la volée comme pour arrêter tout épanchement impudique : «J'avais horreur des sentiments» (page 25) - «c'est la maternité qui l'a rendue à la nature» (page 59) - «c'était vrai, et ce n'était pas vrai» (page 204) - «maintenant, c'était fini» (page 215).
Une des exceptions à cette règle du dépouillement stylistique est constituée par la fréquence des comparaisons et des métaphores. Luc « sortait des mains du potier, intact et d'une parfaite grâce. » Louis se décrit «Comme un chien aboie à la lune», «fasciné par un reflet», pareil à «ces jeunes bêtes que le chasseur attache et abandonne dans les ténèbres pour attirer les fauves». Et se détache en particulier la métaphore du «nœud de