Maurice Carême
Photo : © Fondation Carême
Par Laszlo FERENCZI
1992
Maurice Carême, fils de la ville de Wavre, Belge, francophone, européen, est un poète de la grandeur et de la misère de l’homme. Concises, discrètes et pénétrantes, sa poésie et sa prose nous parlent de la solitude profonde de l’homme et de la joie de l’existence. Fin observateur de lui-même et des autres, révolté contre toutes les injustices, il exalte le travail de tous les jours, chante les merveilles de son Brabant natal et évoque les grands et simples moments de l’enfance et de l’amour. La simplicité de Carême n’est qu’une apparence. C’est une simplicité très complexe, savamment structurée. Il y a là une musicalité extraordinaire, due aux longues phrases carémiennes.
Il y a une tension entre le vers et la phrase. Et il y a les images... Homme de vaste culture, traducteur éminent de la poésie néerlandaise de Belgique, il unit la musicalité du verbe à la lucidité des images. Il fait la synthèse du quotidien et du sacré. Son œuvre a inspiré des centaines de musiciens et de peintres.
Quand j’ai rencontré Maurice Carême – il avait 77 ans – ce vieux monsieur avait une jeunesse inimaginable. Une jeunesse dans le regard, dans les gestes,
et surtout dans une curiosité pluraliste du monde. Ce vieil homme aimait l’aventure. Il ne jouait pas à être jeune. Il était un vieil homme malade, plein d’expérience. Mais il était jeune parce qu’il vivait dans « son» présent. Il était jeune parce que « son» passé était vivant. Il était jeune parce qu’il avait gardé toute sa force créatrice. Sa voix était silencieuse et forte. Son silence était rassurant et inspirant. Il était homme de dialogue et il savait inspirer le dialogue.
Maurice CARÊME - 5
Biographie
Maurice Carême est né le 12 mai 1899, rue des Fontaines, à Wavre, dans une famille modeste. Son père, Joseph, est peintre en bâtiment ; sa mère, Henriette Art, tient une petite boutique où les gens humbles du