Medecin malgré lui esthétique de la farce
Le Médecin malgré lui présente une forte dimension farcesque, dont l'esprit se manifeste en premier lieu dans la faible cohérence dramatique de l'ensemble : les situations et leurs enchainements paraissent peu motivés, depuis la dispute sans fondement qui ouvre la pièce jusqu'à son dénouement invraisemblable et artificiel (retour immotivé de Martine et héritage inopiné qui permet de retourner la situation), en passant par la ruse peu convaincante de Martine, qui conduit à un improbable quiproquo, pourtant très vite accepté comme une évidence par tout le monde, y compris par celui qui en est le sujet (Sganarelle devenu inopinément médecin11.) L'action apparait comme étant moins conduite par le souci de la continuité dramatique que par une « juxtaposition de scènes appelées les unes par les autres en fonction de leurs thèmes et de leurs tons », écrit ainsi Patrick Dandrey11.
On relève toutefois dans la pièce l'utilisation du schéma farcesque mis en lumière par Bernadette Rey-Flaud, selon lequel l'action consiste en la mise en branle d'une machinerie qui finit par broyer celui qui en a initié le mouvement, suivant le principe du retournement : c'est ainsi que Sganarelle, dont la maitrise de l'art de la supercherie le conduit à manipuler comme des pantins les autres protagonistes de la pièce (Géronte à qui il donne des coups de bâtons, Lucas, dont il lutine la femme sous ses yeux...), se retrouve piégé au moment où il atteint les sommets de l'art de la supercherie12. C'est dans cette perspective que trouve son sens l'intervention de M. Robert, qui n'est gratuite qu'en apparence : le voisin, qui en voulant s'interposer dans la querelle de ménage pour y mettre un terme s'en trouve devenir la victime, permet d'introduire ce motif du retournement qui structure l'ensemble de la pièce13.
Enfin, le personnage Sganarelle suffirait à lui seul à illustrer l'esprit de farce qui imprègne Le Médecin malgré lui : dépourvu de véritable