Media tunisiens
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Culture
Rachid Khechana
Journaliste.
Les médias tunisiens face à la prépondérance de l’Etat partisan
La soif de connaissance et d’information des Tunisiens est réelle, mais l’offre médiatique nationale est loin de satisfaire à ce besoin. C’est ce qui pousse les habitants de ce pays à se tourner vers des médias répondant de leur point de vue à une plus grande crédibilité et à l’exposition d’une plus grande diversité dans les opinions, à commencer par la chaîne satellitaire al-Jazeera. a presse tunisienne ne sort pas grandie de 22 années de règne sans partage du président Zine El Abidine Ben Ali, arrivé au pouvoir en 1987. Bien au contraire, la petite marge de liberté arrachée à son prédécesseur et fondateur de la République, Habib Bourguiba (1903-2000), a fini en peau de chagrin. Les médias indépendants, tour à tour encensés, privés de ressources et méprisés, ont eu de grandes difficultés à survivre. Er-Rai (L’opinion), premier hebdomadaire indépendant qui a démarré en 1977, a vu son numéro de reprise saisi à l’imprimerie un mois après l’avènement du nouveau régime. Il ne paraîtra à nouveau qu’à la mort de son propriétaire, Hassib Ben Ammar, en 2008. Son confrère francophone, Le Phare, ne tardera pas à connaître le même sort. Bien qu’ayant bénéficié d’un récépissé pour faire paraître un journal au tout début des années 1990, le mouvement islamiste et la gauche radicale, qui ont pu sortir quelques dizaines de numéros d’al-Fajr (L’Aube) et d’al-Badil (L’Alternative), ont subi une vague de répression sans précédent à partir de 1991. Celle-ci a conduit leurs principaux dirigeants à être placés derrière les barreaux, leurs bureaux étant tout simplement mis à sac.
L
Numéro 69 ● Printemps 2009
Méditerranée
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Médias : stratégies d’influences
Par ailleurs, même les organes des partis légaux, qui ont acquis leurs récépissés sous Bourguiba, furent acculés à disparaître l’un après l’autre, quelques années plus tard,