Megapole du sud
La jeune fille , assise dans le fauteuil du barreur, se laissait aller à la douceur d’être sur l’eau. Elle se sentait prise d’un renoncement de pensées, d’une quiétude de ses membres, d’un abandonnement d’elle – même, comme envahie par une ivresse multiple .Elle était devenue fort rouge avec une respiration courte. Les étourdissements du vin, développés par la chaleur torrentielle qui ruisselait autour d’elle, faisaient saluer sur son passage tous les arbres de la berge .Un besoin vague de jouissance, une fermentation du sang parcouraient sa chair excitée par les ardeurs de ce jour ; et elle était aussi troublée dans ce tête – à – tête sur l’eau, au milieu de ce pays dépeuplé par l’incendie du ciel, avec ce jeune homme qui la trouvait belle, dont l’œil lui baisait la peau, et dont le désir était pénétrant comme le soleil.
Leur impuissance à parler augmentait leur émotion, et ils regardaient les environs. Alors, faisant un effort, il lui demanda son nom. « Henriette » , dit – elle, « tiens ! moi je m’appelle Henri » , reprit – il.
Le son de leur voix les avaient calmés ; ils s’intéressèrent à la rive. L’autre yole s’était arrêtée et paraissait les attendre. Celui qui la montait cria : « Nous vous rejoindrons dans le bois ; nous allons jusqu’à Robinson, parce que Madame a soif. »Puis il se coucha sur les avirons et s‘éloigna si rapidement qu’on cessa bientôt de le voir.
Cependant un grondement continu qu’on distinguait vaguement depuis quelque temps s’approchait très vite. La rivière elle – même semblait frémir comme si le bruit sourd montait de ses profondeurs.
Maupassant Une partie de campagne
I Compréhension du texte
1 Donnez un titre à ce passage et justifiez – le. ( 2 points )
2 Identifiez le champ lexical dominant dans ce passage et donnez une explication à son utilisation