Melancholia
1) Que signifie ce titre ?
Mot latin tiré du grec, désignant une affection de l’âme, une tristesse maladive, due à l’excès de bile noire (Hippocrate , Veme siècle avant J.C. )
Au Moyen-Age, la mélancolie est associée au démon qui éloigne ainsi les âmes de Dieu, particulièrement celle des moines. (A partir de la fin du XIXeme on a associé ce tourment de l’âme à une maladie psychique, la neurasthénie ou dépression.)
Ici, Hugo replace donc un phénomène de son époque dans une pensée beaucoup plus ancienne, proche de celle du mythe.
2) Les enfants condamnés à la mélancolie
L’état mélancolique s’oppose par nature à celui de l’enfance, supposé associé au jeu (v.11) et au rire (v.1).
Or, par le travail, l’enfant est rendu mélancolique (état contre-nature donc), il est plongé dans la tristesse, dans un abattement rêveur : « ces doux être pensifs ». Sa tache est absurde et sans fin : aucun sens pour lui ; il est condamné pour un crime qu’il n’a pas commis. Tout ceci renvoie au tourment mélancolique qui ne trouve qu’ennui et absurdité dans l’existence. Ils sont « las » : fatigue physique et morale : vivre a perdu tout intérêt ; ils ne comprennent pas non plus la cause de ce tourment (v.14), de même que le mélancolique ignore pourquoi il est désespéré. Aucun avenir pour lui (v.19, 20).
Au Moyen-Age, la mélancolie est l’œuvre du diable : nous retrouvons ici cette image : le Diable est l’homme ! Ici, la mélancolie des enfants a une cause, Les adultes !
3) Une société malade
Les hommes détruisent leurs propres enfants, de même que Chronos ou Saturne, dieu associé à la mélancolie dévorait les siens, on va donc vers le mort de l’humain (v.25).
Le profit aveugle entraîne une absurdité destructrice (v. 23 à 28) : L’humanité court à sa perte : physique et morale.
Mais si les enfants désignent les « hommes » (v.16) comme leur bourreaux, Hugo maudit ce « travail mauvais » : il ne s’agit pas de vouer l’humanité à l’enfer mais de travailler