Melanie klein cas de peter
Peter, ou la peur du châtiment
Dans une communication faite il y a quelques années devant la Société analytique de Berlin, j’ai relevé une analogie entre certains crimes horribles qui venaient d’avoir lieu, et les fantasmes correspondants qui m’étaient apparus dans l’analyse de plusieurs jeunes enfants. Un de ces crimes combinait en fait la perversion et l’assassinat. Procédant avec beaucoup d’adresse, de telle sorte qu’on mit fort longtemps à le découvrir, le criminel en question, qui s’appelait Harmann, put agir de la manière suivante avec un grand nombre de personnes : il se liait avec des jeunes gens dont il se servait d’abord pour satisfaire ses tendances homosexuelles, puis il leur coupait la tête, brûlait diverses parties de leur corps ou en disposait d’une façon ou d’une autre, et vendait ensuite leurs vêtements.
Un autre cas horrible était celui d’un homme qui tuait des gens et se servait de leurs corps pour faire des saucisses. Les fantasmes infantiles auxquels je faisais allusion ci-dessus ressemblaient à ces crimes dans tous leurs détails. Les victimes étaient, par exemple, le père et le frère d’un petit garçon de presque cinq ans, auxquels l’enfant était lié par une très forte fixation sexuelle. Après avoir représenté la masturbation mutuelle et les autres actions dont il avait le désir, il coupa la tête de la petite poupée et vendit le corps à un boucher imaginaire qui devait le revendre comme nourriture. Il garda la tête qu’il voulait manger lui-même, trouvant que c’était le morceau le plus appétissant. Comme le criminel, il s’appropria les biens de sa victime. J’étudierai ce cas de plus près, car je pense qu’il est plus éclairant de donner des détails sur un seul cas que d’énumérer plusieurs exemples.
Quand il vint chez moi pour être analyser, ce petit garçon, Peter, était un enfant plein d’inhibitions, extrêmement craintif, très difficile à élever, complètement incapable de jouer; il ne savait rien faire de ses jouets que les