Menon
Ménon
L’œuvre de Platon est constituée de dialogues, forme littéraire qui correspond à une exigence philosophique essentielle. Car la vérité est l’objet d’une recherche commune et rationnelle. Elle n’est atteinte que grâce à une dialectique, c'est-à-dire l’art méthodique d’interroger et de répondre. Le dialogue institue entre les hommes un rapport fondé sur la raison et non sur la violence. Le Ménon est un dialogue de jeunesse. Les dialogues de jeunesse (dits encore « socratiques ») sont consacrés soit à défendre et illustrer la mémoire de Socrate, soit à mettre en scène la méthode socratique d’examen : une interrogation critique visant à démontrer les préjugés des interlocuteurs. Ce dialogue est aporétique, c'est-à-dire qu’il ne débouche pas sur une réponse précise à la question posée –la vertu s’enseigne t-elle ?-, mais il n’est pas pour autant un échec, ce dialogue est très riche sur les thèmes de la méthode et du savoir. Le terme de « vertu » ne doit pas être entendu au sens actuel de la bonne conduite, mais au sens grec : la vertu, c’est le pouvoir de remplir au mieux la tâche à laquelle on est assigné. Le mot virtus, en latin, signifie la bravoure, la force, la puissance. Par exemple la vertu d’un œil est de bien voir, celle d’un maître de bien commander …Autrement dit c’est l’excellence. Il s’agit de donner le meilleur de soi-même, là où l’on est placé. La question de la vertu est autant politique que morale, car la cohésion de la cité vient de ce que chacun y accomplit correctement sa tâche. Les personnages du dialogue sont peu nombreux : Socrate mène la discussion avec une grande rigueur et s’impose maître du jeu. Ménon, son interlocuteur, est un homme riche, établi, admirateur du grand sophiste Gorgias ; il est impatient, peu subtil, et ce n’est pas un bon élève pour la philosophie. Anytos, qui sera accusateur de Socrate lors de son procès, est un éminent personnage politique : il hait les Sophistes et confond Socrate avec eux ; il se méfie