Mercosur : entre coopération et conflictualité
Retour sur une entité de regroupement régional tiraillée entre nécessités économiques et rivalités géopolitiques Par Soraya Oulad Benchiba, chargée d'études à l'Institut Amadeus
Avec l’arrivée des premiers gouvernements civils en 1983 et 1985, respectivement en Argentine et au Brésil, les premières bases d’une coopération pérenne et l’accélération du rythme de l’intégration de la région Sud-américaine ont pu voir le jour.
La rencontre, en 1985, entre les présidents argentin et brésilien aura été décisive dans le développement de la coopération entamée mais inachevée des gouvernements antérieurs et le début d’une relation d’interdépendance économique. A partir de la moitié des années 80, avec le projet de marché unique européen en 1985 comme exemple probant, les promesses de l’intégration régionale pour répondre aux crises globales, se sont fait ressentir jusqu’en Amérique Latine. Les jeunes démocraties brésilienne et argentine avaient, à l’époque, vite saisi les opportunités détenues par une coopération économique approfondie pour sceller la fin de leurs rivalités historiques. Avec le marché commun du Sud, dit Mercosur, présenté comme un projet d’association économique, déterminant pour surmonter les agendas nationalistes, vaincre la méfiance réciproque et concilier les intérêts divergents au sein de la région, l’Amérique Latine s’est alors dotée du bloc régional économique le plus progressiste du monde en voie de développement. Institué en 1991 par le traité d’Asunción entre le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay, le Mercosur promettait la libre circulation des biens, des services et des facteurs de production et s’engageait à promouvoir l’établissement d’un tarif extérieur commun, la coordination des politiques macroéconomiques et sectorielles et l’harmonisation des législations des états membre.
La vision stratégique de Brasilia
Les asymétries économiques entre les membres du