Metaphores_de_l_ile
LA MÉTAPHORE DE L'ÎLE ET SES TOPOÏ LITTÉRAIRES
L'île représente depuis la nuit des temps, un microcosme isolé, monde clos qui est tantôt attractif et volontaire, (îles de lumière, bienheureuses), tantôt répulsif et contraint. (îles de brume, funestes).
Fantasme hédoniste de l'oisiveté lié à la civilisation occidentale des loisirs, miroir en creux des modèles sociaux et politiques, ce lieu (topos en grec) a toujours constitué dans la littérature, une chimère du rêve, des idéaux, des voyages ou de l'évasion dans laquelle se projette l'Occident, des mythologies fondatrices du monde grec aux espaces expérimentaux des XIX° et XX° siècles (l'île-laboratoire et l'île-prison) en passant par les utopies insulaires du XVI° et du XVIII° siècles.
Depuis le mythe de l'Atlantide et les îles Fortunées dans la mythologie gréco-latine, l'île symbolise un paradis enchanteur dans lequel l'homme trouve la félicité. (Îles d'amour, Cythère, Lesbos)
Homère développe dans l'Odyssée, les mythes fondateurs du récit fantastique au long des escales insulaires et des épreuves subies par son héros : vaisseaux-fantômes, monstres, fruits enchantés, breuvages magiques et métamorphoses (la magicienne ensorceleuse Circé, la nymphe Calypso entre oubli et sommeil pour Ulysse et ses compagnons naufragés sur Ogygie,).
Ithaque constitue l'île du foyer, le but espéré du retour sans cesse reculé auprès des siens, le point ultime de nostalgie pour Ulysse, après avoir reçu l'hospitalité de la pure Nausicaa sur l'île de Phéacie (Corfou).
A la Renaissance, Thomas More lance le modèle de l'île utopique (Utopie, 1516), un lieu de nulle part.
En 1719, Daniel Defoe initie l'archétype de l'île sauvage et bienfaitrice avec son récit de Robinson Crusoé, naufragé solitaire, apprenant à survivre dans une nature généreuse. Très librement inspiré de l'histoire du navigateur écossais Alexandre Selkirk, réfractaire débarqué en solitaire sur l'île