Michel debré et la constitution de 1958
Souvent décrit comme architecte constitutionnel de la Cinquième République, Michel Debré reste cependant assez méconnu et s’efface largement devant le général de Gaulle par rapport à la paternité du nouveau régime. On s’intéressera ici au rôle joué par cet homme d'État dans l’élaboration de cette Constitution, en commençant par l’idéologie néo-libérale qui a inspiré sa vision constitutionnelle, avant de voir son influence dans l’élaboration théorique et pratique du nouveau Régime.
I) Une idéologie néo-libérale inspiratrice de la Constitution
1) Les sources des idées
M. Debré tire principalement sa pensée constitutionnelle d’auteurs de la droite d’avant-guerre – Tardieu, Bardoux – qui s’élevaient déjà contre la faiblesse institutionnalisée de l’État français en raison de la primauté du législatif. À cette époque en effet, la figure du Chef de l’État est peu valorisée partout en Europe, qu’il s’agisse du président ou du monarque (président français, reine d’Angleterre, roi d’Espagne, etc.). Pourquoi ? Debré analyse le problème de la façon suivante : le XIXème siècle avait vu dans l’enlisement de l’autorité étatique par le législatif le meilleur rempart possible contre le despotisme et la préservation des libertés individuelles ; ce n’est qu’à la débâcle de 1940 que les limites de ce système furent démontrées en France. Comme les dérives autoritaires sont toujours à l’affût des faiblesses démocratiques pour s’accaparer le pouvoir, il faut désormais que ce dernier soit fort pour, paradoxalement, garantir les libertés individuelles. C’est là la principale idée de l’idéologie néo-libérale : réconcilier un pouvoir fort avec la liberté des individus.
2) La revendication d'une nouvelle pratique des institutions
Pour ce faire, Debré a pour idéal une monarchie républicaine. Il considère que le meilleur Régime devrait s’inspirer des monarchies de la Restauration, c’est-à-dire les trois pouvoirs séparés,