Michel Journiac
Le corps de l’artiste est son outil central, sa matière première, son support, l'objet même de son travail. En effet, à partir de 1968/69, il rejette la tradition artistique au profit d'une création ancrée dans la réalité quotidienne, il réalise alors des actions où il se met en scène et fait de son corps un instrument d'expression et de connaissance.
Michel Journiac est connu pour jouer avec les codes genrés en usant notamment du travestissement. Ceci lui permet de critiquer ces codes, les utilisant comme un moyen et non comme une fin en soi. Dans La série 24h de la vie d’une femme ordinaire (1974) de quarante-huit photos (51cm x 54cm) il se met en scène dans la peau d’une femme. Vingt-huit de ces photos sont consacrées à la réalité, allant du réveil du mari, à la lessive, en passant par la vaisselle. Les vingt autres sont consacrées aux fantasmes possibles de la femme qu’elle soit cover-girl, enlevée par un motard ou encore religieuse. Par ce travestissement Michel Journiac dénonce les rituels sociaux qui inscrivent la femme dans un quotidien, qui sont selon lui, médiocre. Il dira à ce propos : « les rituels sociaux, travail, famille, patrie, bourgeoise et prolétariat, homme et femme s’érigent en trompe l’oeil des oppressions ». Il travaille à partir de stéréotypes, avec humour, comme pour dire : voulez-vous vraiment être cette personne là? . Si l’on garde un œil attentif sur ces photos, on se rend compte que la femme n’a jamais la même posture que l’homme, comme pour affirmer l’inégalité qui règne entre les deux
Dans ces performances, le spectateur est au centre de l'échange.
Messe pour un