Mitterrand et la rigueur (1983)
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16 pages
Dès son élection le 10 mai 1981 à la présidence de la République, François Mitterrand, avec son Premier ministre Pierre Mauroy nommé le 21 mai, appliqua les promesses de campagne, ces cent dix propositions de son programme de candidat qui devaient incarner le changement. Au-delà des réformes sociétales et sociales que nous verrons plus tard, les principales mesures furent économiques et financières. François Mitterrand avait en effet hérité d’une situation de crise internationale commencée depuis le premier choc pétrolier de 1973 et accentuée par le second choc pétrolier en 1979 qui avait anéantie les effets positifs de la politique de rigueur du Premier ministre Raymond Barre entre 1976 et 1981. Des nationalisations massives dans les grands groupes industriels, dans les banques et les compagnies financières (Suez et Paribas) permirent à l’Etat de contrôler 40% du Produit National Brut (PNB). Les lois Auroux permirent de renforcer les droits des travailleurs tandis qu’il était décidé l’abaissement de la durée de travail à 39 heures sans perte de salaire et une cinquième semaine de congés payés accordée le 13 janvier 1982.
Au contraire de Raymond Barre, le gouvernement Mauroy privilégia la relance économique à la rigueur. Misant sur l’augmentation de la consommation, Pierre Mauroy accrut le pouvoir d’achat des Français. Dès juin 1981, les prestations sociales furent relevées (le minimum vieillesse de 20%, les allocations familiales et l’allocation-logement de 25%) tandis que le SMIC fut augmenté de 10%, le faisant passer à 2 900 francs mensuels. Par ailleurs, pour lutter contre le chômage, des embauches massives furent effectuées. C’est ainsi que 55 000 emplois dans les domaines public et social furent créés le 10 juin 1981. De la même manière, la réduction du volume horaire hebdomadaire pour le temps de travail devait permettre la création de nouveaux emplois. Cette augmentation des dépenses publiques (+27% en 1982) était financée par une hausse de la fiscalité