Mlle de saint-yves
Le père Tout-à-tous : Ah, ma fille ! Il est plaisir de vous revoir ici.
Mlle de Saint-Yves : Ah hélas mon père, ce sont là pour de bien triste nouvelles que mes pas me mènent à vous. Mais je ne me sentirai l’âme en paix qu’une fois mes confessions faîtes, et que vous m’ayez conseillé sur la conduite que je me dois de tenir. Car tout à l’heure je vous parle, mais vous n’êtes pas sans ignorer que mon promis M. Le Huron a sous l’ordre politique rejoint une prison, et que je dois depuis des jours durant faire face à mon grand désir de le revoir.
Le père Tout-à-tous : Oui ma fille, il ne m’était point permis d’ignorer cette épreuve qui est la votre, et je pris pour vous auprès de Dieu, pour qu’il vous apporte sa clémence.
Mlle de Saint-Yves : Votre sollicitude, mon père, est grandement appréciable, mais je ne puis guère me contenter de prière pour me sortir des ténèbres où je suis plongée. Mon père, je vous en conjure, j’ai au plus tôt besoin des conseils d’un homme de Dieu.
Le père Tout-à-tous : Parles, ma fille. Je suis homme de Dieu, il t’écoute.
Mlle de Saint-Yves : Voilà mon père. J’aime mon promis, et il me tarde plus que tout de devenir son épouse légitime devant Dieu. Les jours sans lui me paraissent long, et je les conte même dans l’attende d’une nouvelle de la prison. Mais voilà que jusque dans la cour on rapporte l’ampleur de mon désarroi. Et c’est ainsi qu’hier au soir, je dois recevoir une visite des plus fortuites. Un homme, dont les habits ostentatoires suffisent à montrer la puissance et la richesse et dont le discours ne donne pas matière à le qualifier de plaisant. Je puis même vous assurer qu’il s’agit là d’un libertin personnage, et je ne pourrai rapporter ses paroles dans la maison de Dieu, tellement celles-ci me firent outrage.
Le père Tout-à-tous : Mais ma fille qu’est-ce que cet homme a-t-il bien pu vous dire ?
Mlle de Saint-Yves : Et bien mon père, figurez-vous