Mme de sevigné
C'est ce qu'explique Duchêne, quand il parle de la correspondance de madame de sévigné, qui est selon lui "en accord avec ce que nos contemporains attendent de la littérature: oeuvre ouverte, sans commencement ni fin, d'autant plus à l'image de la vie qu'elle en est le produit et en conserve l'irrégularité et l'opacité, mélange de tous les tons et de tous les styles dont les obscurités mêmes incitent à rechercher la troublante profondeur."
La correspondance de madame de sévigné semble particulièrement bien se prêter à une telle vision de l'oeuvre: elle s'inscrit dans le cours d'une vie, en conserve tous les aspects, puisqu'elle est le pur fruit des aléas de l'existence. Elle le fait de façon profondément ouverte, puisqu'elle s'ignore en tant qu'oeuvre possible, en tant que tout où l'on pourrait voir une cohérence: c'est l'écriture au fil de la vie, dont la clôture est impossible.
Mais ces textes n'ont pas été écrits pour nous. Ils ne nous sont pas destinés. Nous nous insinuons, comme par une sorte de viol, là où l'auteur refusait qu'on entre. Leur ouverture ne nous est pas ouverte. Elle ne concerne que madame de Grignan et les "happy fews" qui recevaient des lettres de madame de sévigné, ou partageaient leur lecture. Comment pouvons-nous alors prendre la responsabilité du sens de cet ensemble de