Modele compte rendu
Extrait à l’étude : Le cortège du graal, p. 138 (« Le voilà qui... ») à 143 (« ... draps de lin, très fins. »)L’une des scènes les plus célèbres et mystérieuses du Conte du graal de Chrétien de Troyes (désormais
CG) est très certainement celle où, reçu par un seigneur infirme dans la grande salle d’un château mystérieux, Perceval voit passer tour à tour des jeunes gens portant d’abord une lance d’où perle une goutte de sang, deux candélabres, un graal et enfin un tailloir. Le même cortège repasse ainsi trois fois devant le jeune chevalier, mais il n’ose jamais demander ce qui se passe devant lui (CG, p. 140-142). Dans cette scène, le mystère s’installe peu à peu à travers le fait que, dans ce château surgi de nulle part, aucun des personnages, pas même le seigneur, ne dévoile son identité à Perceval. La scène elle-même semble surnaturelle avec le cortège aussi magnifique qu’étrange,la clarté inexplicable du graal et le défilé des objets mystérieux. Ces objets, qui sont en fait tirés de la littérature celtique, où ils ont une symbolique particulière (liée au retour du guerrier victorieux à qui l’on offre un banquet), sont repris par l’auteur, qui leur confère un symbolisme chrétien. La littérature celtique était en effet « un magasin d’accessoires où les conteurs pouvaient toujours puiser de quoi ajouter du pittoresque à leurs inventions et de l’imprévu à leurs intrigues » (Vendryes, 1951, p. 86). Cependant, comme la signification des objets n’est pas transparente, la scène en est d’autant plus mystérieuse. L’autre thème qui se dégage de cet extrait est celui de la merveille, qui se manifeste, d’une part, à travers les richesses (or, argent, ivoire, etc.) qui sont déployées et, d’autre part, par la longue série d’aliments rares et exotiques (poivre, dattes, gingembre, etc.) qui sont présentés aux convives, c’est-à-dire « [t]ous les mets qu’on peut voir à la table d’un roi, d’un comte ou d’empereur » (CG, p. 142). Ainsi, en