Mireille Armisen-Marchetti

La passion de Phèdre
In: Vita Latina, N°117, 1990. pp. 26-36.

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Armisen-Marchetti Mireille. La passion de Phèdre. In: Vita Latina, N°117, 1990. pp. 26-36. doi : 10.3406/vita.1990.1598 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/vita_0042-7306_1990_num_117_1_1598 La passion de Phèdre

Une fois admise (Je façon à peu près unanime l'identité de Sénèque le et de Sénèque le Tragique, il était tentant et aussi justifié de rechercher dans les œuvres dramatiques les motifs et les thèses développés dans les œuvres philosophiques. Pouvait-on pour autant, comme cela a parfois été fait, soutenir que Sénèque a voulu faire des tragédies un instrument de propagande stoïcienne, qu'il s'en est servi pour convertir les consciences à la morale du Portique ? (l'était confondre le simple fait d'énoncer une thèse avec celui de l'enseigner. Kn revanche, il est tout à fait clair que les tragédies ont servi au philosophe de lieu d'expérimentation pour ses thèses morales et pédagogiques ( I) : les caractères des personnages lui donnent l'occasion de mesurer le degré de vraisemblance qu'offre la description stoïcienne du psychisme, à l'intérieur de ces cas-limites que sont les situations tragiques. Voici donc ce que nous voudrions examiner dans Phèdre : en premier, comment la passion est présentée en parfaite coïncidence avec les des traités philosophiques ; l'idée n'est pas neuve, mais peut-être apporter quelques pièces complémentaires au dossier (2). D'autre part, Phèdre offre cette originalité qu'y sont décrites, non seulement une passion — l'amour de Phèdre— mais aussi sa thérapeutique —la tentative de la nourrice pour guérir Phèdre de son mal. Nous pouvons donc dire, en forçant à peine les que Phèdre est aussi l'histoire d'une "direction de conscience", et d'une direction de conscience manquée. Phèdre raconte un échec thérapeutique, delà mérite d'être considéré.

La passion