Lecture analytique : Molière, Le Malade imaginaire, III, 3, de «Mais raisonnons un peu, mon frère… » à « et vous me donneriez mon mal ». Eléments pour une introduction :
Le Malade imaginaire est souvent considéré comme l'une des pièces les plus riches et des plus profondes de
Molière, en raison des thèmes qu’elle développe (réflexion sur la mort, satire et dénonciation de la médecine), de la présence d’un héros paradoxal (un malade sain), s’enfermant dans sa folie et s’opposant à l’amour de deux jeunes gens et de la fantaisie éblouissante qui caractérise cette comédie-ballet, où se succèdent, avec brio, chants, danses, scènes sérieuses ou scènes de farce…C’est là une somme que nous livre Molière, qui maîtrise tous les procédés et tous les registres de la comédie théâtrale. La scène 3 de l’Acte III est particulièrement célèbre parce qu’il s’agit d’une scène dans laquelle s’engage une conversation sérieuse entre Argan, le malade imaginaire, et son frère Béralde, qui tente de le raisonner : Argan, invité d’abord par son frère à assister à un
« divertissement » chanté et dansé mettant en scène des Egyptiens vêtus en Maures à la fin de l’Acte II, presse
Béralde de lui faire part de son sentiment sur la médecine. Ce dernier, lui oppose alors un véritable discours de vérité contre le « roman de la médecine » et le convie à voir davantage de pièces de Molière. Nous étudierons donc les particularités de ce dialogue argumentatif. Nous montrerons ensuite que Molière a fait de cet échange non une discussion ennuyeuse mais une scène vive et enlevée, avant tout théâtrale et célébrant les vertus du théâtre. I Un dialogue argumentatif
[ Remarque : le piège, lorsqu’il s’agit d’étudier une argumentation, c’est de paraphraser le texte et de se contenter d’affirmer que « l’auteur ou le personnage dit que… puis il dit que…, etc. ». Pour éviter cette tentation, il faut davantage étudier la manière dont se présente cette argumentation] 1°) Un rapport de