Molière l'impromptu de versailles
MOLIERE : L'IMPROMPTU DE VERSAILLES :
SCENE I
Introduction :
En se mettant en scène avec sa troupe, Molière propose ainsi une mise en abîme de son métier et de celui de comédien. Nous assistons ici à une pièce de théâtre dans le théâtre, ce qui donne l'occasion à Molière de partager quelques-unes de ses réflexions et interrogations sur les notions d'identité, de position sociale, de rôle, de personnage et de comédien. On peut rapprocher ce texte de celui de Marivaux, Les Acteurs de bonne foi, qui se penche sur les mêmes problématiques en utilisant le même procédé... Texte étudié :
MOLIÈRE : Oui, toujours des marquis. Que diable voulez-vous qu'on prenne pour un caractère agréable de théâtre ? Le marquis aujourd'hui est le plaisant de la comédie ; et comme dans toutes les comédies anciennes on voit toujours un valet bouffon qui fait rire les auditeurs, de même, dans toutes nos pièces de maintenant, il faut toujours un marquis ridicule qui divertisse la compagnie.
MADEMOISELLE BÉJART : Il est vrai, on ne s'en saurait passer.
MOLIÈRE : Pour vous, Mademoiselle.
MADEMOISELLE DU PARC : Mon Dieu, pour moi, je m'acquitterai fort mal de mon personnage, et je ne sais pas pourquoi vous m'avez donné ce rôle de façonnière.
MOLIÈRE : Mon Dieu, Mademoiselle, voilà comme vous disiez lorsque l'on vous donna celui de La Critique de l'École des femmes ; cependant vous vous en êtes acquittée à merveille, et tout le monde est demeuré d'accord qu'on ne peut pas mieux faire que vous avez fait. Croyez-moi, celui-ci sera de même ; et vous le jouerez mieux que vous ne pensez.
MADEMOISELLE DU PARC : Comment cela se pourrait-il faire ? car il n'y a point de personne au monde qui soit moins façonnière que moi.
MOLIÈRE : Cela est vrai ; et c'est en quoi vous faites mieux voir que vous êtes excellente comédienne, de bien représenter un personnage qui est si contraire à votre humeur. Tâchez donc de bien prendre, tous, le