Mon baptême de l'air
Baptême de l’air
1995. Je pars à l’aventure en Amérique du Sud. J’ai deux mois et deux-mille dollars. Ma première destination est Cartagena, sur un vol sans escale prévue.
Le Boeing 757 roule doucement sur le Tarmac. Appréhensif, je tente d’apaiser mes craintes. Cette vibration… ce grincement… ce bourdonnement dans mon oreille… Tout cela est normal. Une fois atteinte l'altitude de croisière, mon cœur retrouve timidement son rythme. D’une voix suave, l’hôtesse m’offre un verre de vin. On nous sert un repas et l'on nous présente un film, tous deux industrieusement aseptisés. Le tout se déroule à un rythme posé, rituel.
Au dessert cependant, l’atmosphère se transforme subtilement. Une certaine fébrilité semble agiter les agents de bord qui s’affairent à ramasser les cabarets avec un empressement contrôlé, presque suspect.
Soudain, une sensation de tomber sur place. Puis, mes oreilles qui menacent d’exploser. Un murmure parcourt l'habitacle : « Avons-nous perdu subitement de l’altitude? »
La projection est interrompue. Le commandant annonce d’une voix assurée : « … nous avons un léger ennui électrique et par simple précaution, nous ferons escale à Miami… ». Le copilote demande ensuite la coopération des passagers avec le personnel pour la collecte des restes du repas. Sa voix, bien que calme, trahit une légère hésitation. Puis, une jeune hôtesse prend enfin la parole. Elle donne les consignes d’atterrissage. Sa voix tremble. Elle bégaie. Toute suavité s’est volatilisée.
Il fait nuit. Les balises de la piste sont en vue. J’aperçois maintenant les gyrophares d’ambulances au sol. Les véhicules-pompiers escortent l’appareil dès le début de piste et roule à tombeau ouvert à nos côtés tout au long de la manœuvre d’atterrissage.
Nous touchons terre, l’aérodyne s’immobilise. Le personnel ouvre les portes et nous descendons d’un pas pressé, heureux d’avoir les pieds au