Mon mot à dire!
Il m’est maintes fois arrivé de me demander ce qu’ont bien pu raconter évangélistes et cheikhs à nos parents d’Afrique à propos de l’Être Suprême. Leur auraient-ils parlé d’un Dieu clochard dont l’immense bonté est aussi corruptible que le désir de la prostituée de l’autre côté, c’est à dire qui offrirait tout son trésor moyennant quelques semblants actes d’adoration formulés dans le plus profond sommeil.
L’Omnipotent que j’ai eu à connaître dans ma quête du Savoir tomberait vraiment bas s’Il était celui-là qu’appellent mes pairs d’Afrique dans les bras de Morphée ou dans les temps de galère après les soirées enivrantes de pagaille et de gaspillage. Ce dieu est le perpétuel recours dans notre quotidien. Il est imploré par ce chômeur qui passe ses journées à tirer ses délicieuses cigarettes entre des traits de thé ; ce voisin qui, sous l’emprise de ses hormones, n’en finit pas de collectionner la bonne chair dans son taudis et d’y fabriquer des tonnes de bouts de bois de Dieu ; ou encore ce gaillard aux muscles impressionnants qui me tend sa calebasse espérant que ma foi me lui fera mettre mes maigres jetons.
Des leçons de ce dieu, je ne vois rien qui puisse faire avancer la société ; car l’homme n’ayant pas été responsabilisé. Toutes les bêtises des plus inconscients sont à son compte, lui le tolérant que l’on ne sait prier qu’après tous les écarts de comportement qui soient et qui nous pardonnera tout de même juste après un accoutrement digne d’un grand mufti ou d’un élégant curé éclairé par son alléluia en l’honneur du Saint-Esprit. Et pour que mon Dieu ressemble à celui africain, il va vraiment devoir être dingue.
Dingue pour accepter écouter les lamentations de ces pauvres gens proies de la misère mais qui restent les bras tendrement croisés à l’attente de Sa Providence. Dingue pour avoir pitié de tous ces frères qui s’entretuent pour quelques lopins de terre à l’heure où ils disent répugner au sang. Dingue pour