Mondialisation menace ou bienfait
L'alimentation en un lieu donné n'est pas immuable, elle est le reflet de l'organisation des sociétés et évolue avec elle. Elle est fortement dépendante des disponibilités locales en denrées alimentaires, des conditions de vie des populations, des préférences individuelles, mais aussi du modèle dominant qui est véhiculé à un moment donné. Elle est aussi la congruence des rapports de forces entre les acteurs des filières agroalimentaire: les pouvoirs publics qui, par leurs décisions sur les approvisionnements, les prix, les recommandations, agissent sur les choix des consommateurs; les industriels et distributeurs qui, par leur type d'offre de produits, leurs campagnes d'information et de promotion, cherchent à capter les clients; les scientifiques qui, par l'avancée des connaissances biologiques, techniques, influencent les recommandations et les choix; et enfin les consommateurs eux-mêmes qui s'attachent à des attributs différents selon les contextes et leur environnement sociétal, pouvant rechercher la satiété, la sécurité sanitaire ou encore la préservation de leur santé ou le plaisir hédonique. Tout au long d'une histoire pluriséculaire, la Méditerranée a forgé une alimentation unique par sa grande diversité, liée aux mosaïques humaines et culturelles de la région mais aussi aux grandes expéditions commerciales dans le monde. La succession de peuples dominants ayant des ambitions de pouvoir dépassant la zone circum-méditerranéenne a permis la diversification alimentaire: Grecs, Carthaginois et Romains ramenèrent la vigne, l'olivier, et les fruits et légumes du Proche-Orient; Arabes, Byzantins et Ottomans ont apporté nombre de légumes d'orient et de pratiques culinaires; les Espagnols et les Portugais firent de même avec les légumes d'Amérique. L'Empire romain, par son histoire "sans paysans", a imposé les flux d'approvisionnement et ainsi fortement modifié l'alimentation; les Arabes