Moniteur éducateur
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Si je suis en état d'avoir un propos sur ce que l'on nomme l'autisme, c'est à une rencontre que je le dois, rencontre décisive.
Celle d'un petit garçon, extrêmement singulier, pour lequel le moins que je pouvais faire était de penser ce qui arrive.Aussi est-ce dans ce rapport à lui, unique, que s'est élaborée ma pensée, et s'il m'arrive de vous parler de lui, ce ne sera pas dans la figure de rendre compte d'un travail avec lui, ni comme exposé d'une étude de cas, mais il s'agira de rendre compte du courage avec lequel il a traité jusqu'à présent, ce qu'un patient de France Tustin nomme sous l'énoncé : "c'est un tel souci d'être un être humain".
Que l'autisme existe ou pas, ne paraît pas être a priori la question, ni même une ques tion, tant l'évidence du "il y a" pèse sur nous. Parce que bien évidement il y a des en fants singuliers, et il y a des enfants dont la singularité est de se tenir à l'écart du monde ; mais prononcer que l'autisme n'existe pas, est-ce prononcer que la "maladie", mot que je mets entre guillemets, qu'on nomme autisme n'existe pas, c'est-à-dire que la singularité des enfants qui en souffrent n'existe pas, ou bien que cette singularité est mal nommée, qu'elle est même effacée ou plus justement recouverte par ce nom autisme et que ce nom, recouvrant la singularité du sujet, l'annule pour ne plus le réduire qu'à un nom commun : autiste ?À quoi sert de poser le diagnostic d'autisme, de prononcer ce nom ?
Il me semble qu'il est souvent posé,