Monsieur badin
Ovide : - Oui, monsieur le directeur.
Le directeur : - Est-ce que M Badin est venu ?
Ovide : - Oui, monsieur le directeur.
Le directeur (stupéfait) : - M Badin est là ?
Ovide : - Parfaitement.
Le directeur : - Réfléchissez à ce que vous dites. Je vous demande si monsieur Badin, l'expéditionnaire du troisième bureau, est à son poste, oui ou non.
Ovide : - Monsieur le directeur, il y est !
Le directeur (soupçonneux) : - Ovide, vous avez bu.
Ovide (désespéré) : - Moi !...
Le directeur : - Allons ! avouez la vérité ; je ne vous dirai rien pour cette fois.
Ovide (des larmes dans la voix) : - Monsieur le directeur, je vous jure !... J'ai bu qu'un verre de coco.
Le directeur (à lui-même) : - La présence de monsieur Badin au ministère constitue un tel phénomène, une telle anomalie!... Enfin, nous allons bien le voir. Allez me chercher monsieur Badin.
Ovide : - Bien, monsieur le directeur.
(Il sort. Le directeur s'est remis à la besogne. Long silence. Enfin, à la porte trois petits coups.)
Le directeur : - Entrez !
(Apparition de M Badin)
Monsieur Badin (saluant jusqu'à terre) : - Monsieur le directeur...
Le directeur (toujours plongé dans ses signatures) : - Bonjour, monsieur Badin. Entrez donc, monsieur Badin, et prenez un siège, je vous en prie.
Monsieur Badin : - Je suis confus...
Le directeur : - Du tout, du tout. Dites-moi, monsieur Badin, voilà près de quinze jours que vous n'avez pas mis le pied à l'Administration.
Monsieur Badin (humble) : - Ne m'en parlez pas !...
Le directeur : - Permettez ! C'est justement pour vous en parler, que je vous ai fait prier de passer à mon cabinet. Voilà, dis-je, près de quinze jours que vous n'avez pas mis le pied à l'Administration. Tenu au courant de votre absence par votre chef de bureau, et inquiet pour votre santé, j'ai envoyé six fois le médecin du ministère prendre chez vous de vos nouvelles. On lui a répondu six fois que vous étiez à la brasserie.
Monsieur Badin : -