Monsieur
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Matières premières vendredi4 décembre 2009
Les multinationales lorgnent sur le lithium bolivien
Par Pierre Bratschi, La Paz
A la veille d’une élection dont il est le favori, le président Evo Morales déclare que la richesse du sol doit profiter d’abord au pays. Mais il doit faire vite
Sergio n’en croit pas ses yeux, une usine sur «son» salar. Comme son père, son grand-père et des générations de Boliviens, il exploite le sel du lac salé d’Uyuni, le plus grand du monde. Bon an mal an, ce sont en moyenne 25 000 tonnes de sel que ses compagnons extraient péniblement du salar perché à 3700 mètres au milieu des Andes.
Rien, comparé à ce que laisse présumer la présence de cette usine pilote lancée par Evo Morales. Car depuis que son gouvernement a pris conscience du trésor qui est enfoui sous le lac immaculé, le président bolivien a décidé de passer la vitesse supérieure. Le salar d’Uyuni contient la plus grande réserve connue du monde de lithium, 100 millions de tonnes. La grande capacité de stockage des batteries au lithium fait de ce métal l’élément indispensable des futures voitures électriques. Sans lithium pas de voiture propre, pas de diminution des émissions de gaz à effet de serre. Indispensable à tel point que les grands groupes automobiles ont déjà presque tous rendu visite au président Morales. Le plus entreprenant a été sans aucun doute le groupe français Bolloré, un groupe spécialisé dans l’extraction et la transformation de métaux et impliqué dans la production de la Bluecar, la nouvelle voiture électrique hexagonale. En avril, une délégation du groupe a fait le voyage à La Paz pour remettre au président bolivien un projet de construction d’une usine d’extraction du lithium et de production de batteries. Un projet devisé à 800 millions de francs.
«Nous voulons des partenaires, non des propriétaires. Le lithium doit rester bolivien.» Mais Evo Morales est méfiant. Les élections sont pour ce week-end. Lors de la campagne