Montaigne Des Cannibales
COMMENT S'ORGANISE LA DEMONSTRATION COMME QUOI LE SAUVAGE NE L'EST PAS ?
A cette époque, avec le Nouveau Monde sont découvertes de nouvelles populations dont les cannibales de la côte du Brésil. Dans ce chapitre, Montaigne prend du recul pour se placer comme témoin. Il analyse ce qui conduit au rejet de l’autre et met en évidence la relativité des jugements. Enfin, à travers ce texte didactique et polémique, il critique l’ethnocentrisme européen afin de réfléchir au rapport entre la nature et la culture. Montaigne encourage à faire preuve d'esprit critique.
Certains qualifient les indigènes de « sauvages » (l.129, p111), ils les classent au rang d’animal. Montaigne prône une autre réflexion. En s’appuyant sur un argument d’autorité « à ce qu’on m’en a rapporté » (l.123, p.111), il va redéfinir deux notions « barbare » et « sauvage » qui apparaissent péjoratives et traduisibles respectivement par « cruel » et « grossier ». Il défend cette thèse : les peuples récemment découverts ne sont pas des sauvages : « il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation. » (l.122, p.111).
Montaigne dénonce ici un point de vue autocentré qui nous pousse à croire que seules « les opinions et usances du pays où nous sommes » (l.126, p.111) sont parfaites et véritables: « Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait et accompli usage de toutes choses » (l.127, p.111) : Cela montre l'exagération des européens qui pensent avoir raison et être les meilleurs.
Selon Montaigne, la culture, c’est-à-dire la civilisation, peut être perçue comme ayant un effet négatif sur la nature. Il va donc à l’encontre des préjugés des européens qui considèrent que la civilisation est ce qu’il y a de meilleur. Il illustre ce fait par l’exemple des fruits : On appelle ces peuples « sauvages » de même que nous nommons ainsi les fruits. Ce qui est sauvage est ce qui est à l’état de nature, ce qui n’a pas été modifié par l’action de l’homme.